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Dans un papier de Lasaire les raisons de l'échec de politiques economique actuelle.
Les annonces cet été de la persistance d’une croissance nulle depuis le début 2014 et d’une hausse des prix (CVS) réduite à 0,1% en août 2014 ont créé un choc car ces deux informations complètent celles concernant le recul du pouvoir d’achat des ménages2 et la baisse de l’investissement des entreprises et des ménages. Le risque de l’entrée de l’économie française dans une phase durable de déflation a pris de la consistance.
La dégradation de la situation économique met à mal, une fois encore, l’idée de la sortie d’une crise qui, en réalité, a débuté comme une crise financière en 2007, dont on nous avait annoncé la fin en 2011, alors qu’elle a muté en une crise de la dette souveraine ; cette dernière débouchera sur la seconde récession de la période, en 2012-‐2013, mais devait être suivie par une accélération progressive de la croissance à partir de 20143 ; c’est ce pronostic qui a été déçu cet été.
Le retour de la croissance annoncé par la plupart des économistes et des gouvernements n’étant pas au rendez-‐vous, les objectifs budgétaires sur lesquels se sont engagés les gouvernements deviennent hors d’atteinte, provoquant le doute sur la pertinence des politiques économiques suivies, en France et dans la zone euro. Faut-‐il durcir encore cette politique pour préserver l’objectif d’un retour rapide du déficit public à son niveau objectif de 3%, et donc peser encore plus sur la demande et prendre le risque de provoquer une grave récession due aux économies imposées notamment sur les dépenses dites structurelles ou faut-‐il soutenir la demande afin de restaurer les ressources publiques, en acceptant pour ce faire de retarder le rééquilibrage des finances publiques ?
Le débat sur la définition de la politique économique oppose donc, en France notamment, les partisans des politiques de soutien de l’offre à ceux du soutien de la demande. Mais même chez les défenseurs les plus intransigeants des politiques d’offre, l’idée d’un assouplissement souhaitable du calendrier de restauration des équilibres publics a progressé, le prix à payer de cet assouplissement étant le durcissement des « réformes » jusqu’à la remise en cause du modèle français de protection sociale, tel qu’il s’est construit progressivement depuis la fin de la guerre.
Les grandes institutions internationales que sont l’OCDE, le FMI et même la Banque Centrale Européenne, ont ainsi fait évoluer leur doctrine, malgré l’opposition plus ou moins explicite du gouvernement allemand et de la Bundesbank. La déclaration de Mario Draghi, lors de la conférence de Jackson Hole (21/08/2014), résume parfaitement le nouveau positionnement de ces institutions : «Sans une demande agrégée plus élevée, nous risquons de connaître un chômage structurel plus élevé et les gouvernements qui font des réformes structurelles n’iront pas très loin. Mais sans réformes structurelles, alors les mesures pour augmenter la demande vont rapidement s’essouffler pour finalement devenir moins efficaces ».
Pour sa le Conseil Européen lui-‐même, sans remettre en question sa doctrine, a accepté, en juin 2013, de reporter de 2015 à 2017 son exigence du retour à 3% du déficit public français, mais en durcissant ses exigences de réformes structurelles dans trois domaines : la fiscalité, la protection sociale et la flexibilisation du marché du travail ; Toutefois son acceptation d’un assouplissement des objectifs de rétablissement des finances publiques ne s’inscrit pas exactement dans la même ligne que les institutions internationales, le Conseil précisant que sa décision avait un caractère exceptionnel, signifiant ainsi qu’elle ne saurait faire jurisprudence.(...).
Cette note défend l’idée qu’il n’est pas satisfaisant d’opposer frontalement les politiques de demande aux politiques d’offre. Le soutien de la demande est devenu une priorité devant la dégradation de la conjoncture européenne et française. La préservation du système français de protection sociale doit en être une composante importante tout à la fois pour des raisons de solidarité, et aussi pour sauvegarder nos stabilisateurs automatiques, qui ont en partie abrité la France lors de la récession provoquée par la crise financière de 2008.
L’inflexion des politiques budgétaires restrictives doit donc être défendue tant au niveau européen que national. Cela étant rappelé, on ne peut contester que les entreprises françaises exposées à la concurrence étrangère aient besoin de faire évoluer leur spécialisation, ce qui justifie le maintien d’une politique d’offre, au point que l’on peut rétroactivement regretter que cette exigence n’ait pas été mieux entendue lors des périodes passées de haute conjoncture.
Cette double face de la politique économique souhaitable doit donc se décliner en une politique de soutien de la demande, même dans les pays déficitaires, et une véritable politique industrielle, objectif que LASAIRE défend depuis longtemps.
La proposition d’échanger l’assouplissement des politiques budgétaires contre un durcissement des politiques structurelles n’est pas défendable car elle remet en cause un modèle de croissance auquel la majorité des Français est légitimement attachée. Ce double choix ne signifie pas pour autant que les politiques d’offre actuelles doivent être poursuivies à l’identique ; au contraire, elles doivent être révisées en profondeur. Cela nécessite l’ouverture, non seulement d’un débat national, mais aussi d’un débat européen qui, pour aboutir, devrait probablement reposer sur l’abandon par la France de la recherche d’un partenariat privilégié avec l’Allemagne (qui d’ailleurs n’en a rien à faire) et le rapprochement avec des pays de la zone euro dont les thèses sont plus proches de celles qui sont exposées dans ce papier.
* Pour le texte intégral voir:
http://www.lasaire.net/upload/files/debat/MFried%20de%CC%81bat%20bureau%20sept%2014%20V2offre%20et%20demande(1)(1).pdf